EXOTIQUES ENVAHISSANTES Combiner science participative et rapports officiels
Avec le développement d’applications et d’outils automatisés, des « citoyens scientifiques » participent activement au repérage précoce des invasions biologiques.
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Stoc (Suivi temporel des oiseaux communs) ou Vigie-Nature font partie des programmes entièrement dédiés aux sciences participatives, qui sont dorénavant très nombreux et touchent tous les domaines, y compris la chimie ou l’astronomie. Une équipe de chercheurs européens a conclu – dans une étude parue en janvier dernier* – qu’ils constituent un mode de surveillance particulièrement efficace afin de détecter ou de suivre une espèce exotique envahissante (EEE).
Peu de décalage entre les signalements officiels et la science citoyenne
La détection précoce est essentielle dans l’objectif de coordonner une réponse rapide et efficace.
Des scientifiques ont donc analysé plus de 650 signalements d’espèces, pour un total de trente pays européens, pour lesquels il y avait à la fois un comptage officiel de scientiques et des recensements émanant de plateformes de science citoyenne entre 2010 et 2021.
La différence entre les deux se révèle infime. Pour la moitié des décalages temporels, ce sont les secondes qui avaient effectué des signalements plus tôt ou la même année que les officielles. En considérant les données les plus récentes, les mêmes se sont avérées encore plus précoces.
Une détection citoyenne moins efficace en France
Toutefois de grosses disparités apparaissent en fonction des pays : en Islande et en Albanie, mais également en France, ce sont les rapports officiels qui ont tendance à être plus précoces.
À l’inverse, en Suède et aux Pays-Bas, les plateformes citoyennes devancent en temps les relevés scientifiques. Une tendance sans lien avec l’historicité des sciences participatives dans un pays, comme par exemple en Belgique ou au Royaume-Uni.
En outre, les espèces charismatiques et de grande taille, surtout les oiseaux (66 % des vertébrés représentés dans l’étude), sont mieux signalées sur les plateformes citoyennes. Il n’y avait en revanche pas de différences significatives entre les types d’habitats.
Par ailleurs, la popularité accrue des EEE auprès des amateurs inscrits sur les plateformes d’observation et les signalements dans les pays voisins ont donné la primeur à une notification par la science citoyenne. Par contre, leur inclusion sur la liste prioritaire de l’Union européenne a permis un enregistrement officiel plus précoce, reflétant en cela l’efficacité des programmes de surveillance ciblés.
Cette toute première étude sur le délai entre signalements officiels et citoyens des EEE montre le potentiel des sciences participatives et plaide pour une meilleure connexion entre les deux.
*« Citizen science platforms can effectively support early detection of invasive alien species according to species traits », Pablo González-Moreno et al, People and Nature, 2025.
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